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Huile, toile ; 61 x 61 cm ;
signée, datée et inscrite au dos : FANGOR / M 90 / 1967 ;
autocollants de vente aux enchères et d'encadrement au dos de la reliure
Provenance :
- collection privée, Maryland, États-Unis (don de l'artiste)
- collection privée
- Bonhams, Londres, 2018
- collection privée, Europe
Bibliographie :
- Szydłowski S., Wojciech Fangor. 3 Dimensions. A Retrospective. 3 Dimensions a Retrospective, Centre de la sculpture polonaise à Orońsko, Orońsko 2015.
- Catalogue raisonné, édité par Katarzyna Jankowska-Cieślik
Lorsque l'on pense à l'œuvre de Wojciech Fangor, son premier symbole est souvent la représentation picturale d'un cercle aux bords flous, " fondants ". L'illusion des ondulations résultant du mélange harmonieux des tons de couleur, ainsi que les contrastes de couleur, les différences d'intensité des couleurs ou de taille des formes, sont caractéristiques du terme "espace illusoire positif", créé par le peintre, mais aussi de la notion plus large d'op-art, dont Wojciech Fangor est l'un des précurseurs. L'illusion optique était associée à l'utilisation de la technique dite du sfumato, qui consiste à estomper les contours et à gommer les détails. Cela donne l'impression que l'image émerge du plan de la toile. Cette façon de traiter l'œuvre introduit une certaine désorientation optique pour le spectateur : la fluidité de la forme résultante ne fournit pas de point de référence clair, et provoque donc une perturbation de la perception et des impressions cognitives fortement individuelles.
L'approche de l'artiste à l'égard de l'espace en tant que catégorie artistique, dépassant le cadre du tableau, de son sujet ou de la technique utilisée, pour attirer l'attention sur la relation entre les objets d'art, était visionnaire. L'espace qui les sépare devient un stimulus pour l'exploration artistique. La dimension temporelle et l'accent mis sur le rôle de l'observateur, non seulement dans l'interprétation, mais aussi dans l'interférence particulière dans l'espace de l'objet d'art, sont également devenus importants pour la réception de l'œuvre d'art. Les projets expérimentaux impliquant l'espace, la couleur et le spectateur ont placé l'artiste sur une voie innovante dans l'art conceptuel contemporain. L'observation par Fangor de la relation entre les catégories d'espace et de temps dans une œuvre picturale est liée à l'expérience des projets architecturaux auxquels il a participé. Au début des années 1950, il a commencé à collaborer avec des architectes célèbres : Oskar Hansen, Zbigniew Ichnatowicz, Jerzy Sołtan et Stanisław Zamecznik, qui ont particulièrement intéressé le peintre au sujet de l'espace en tant que matériau artistique.
L'œuvre d'art proposée appartient au canon de la peinture de l'artiste en raison de sa date de création, de la technique utilisée et de la forme de composition. Comme le suggère l'initiale du titre de l'œuvre, celle-ci a été créée dans la ville américaine de Madison, où le peintre s'est installé et a enseigné l'art à l'université Fairleigh Dickinson pendant dix-sept ans. Bien que la figure géométrique du cercle ait été volontiers utilisée par Fangor, il ne s'agit pas d'un motif uniformément reproduit. Lorsque l'on compare ces compositions de l'artiste, ce qui retient l'attention, c'est la variété des couleurs ou leur monochromie, les différences dans l'arrière-plan ou le remplissage ou l'absence du centre de la figure. Le tableau "M90" se caractérise par la représentation de la partie centrale de la figure dans une couleur intense et homogène et un arrière-plan sobre et contrasté. La pénétration des tons de couleur et l'effet d'un plan illusoire "en mouvement" sont parfaitement mis en évidence dans la composition.
Les années 1960, période à laquelle appartient l'œuvre décrite, ont été marquées par d'importantes expositions de l'artiste dans le monde entier. Des exemples d'expositions individuelles ont eu lieu à l'Institute of Contemporary Art à Washington (1962), à la Galerie Lambert à Paris (1963) ou à la Chalette Gallery à New York (qui a également vendu des objets du peintre). Les œuvres de Fangor ont été présentées dans le cadre d'expositions collectives, notamment au Solomon R. Guggenheim Museum de New York (1964), à l'exposition "The Respansive Eye" au Museum of Modern Art de New York (1965) et, l'année de la création de la peinture, au Carnegie Institute de Pittsburgh, en Pennsylvanie.
